BIO

Autodidacte, issue d’un milieu artistique, Marie Couppié peint, à partir de 2005, au pastel sa technique favorite, puis à l’acrylique, plus de 100 tableaux. Ce sont des évocations, histoires courtes, contes, rarement des contenus réels ou des thèmes imposés, dont l’inspiration lui vient pas à pas, au gré du contour, des formes et des sensations éprouvées, le titre s’imposant naturellement. Univers merveilleux et inquiétant à la fois, d’enfants jouant, de visages mi-homme mi-animal, d’oreilles qui sourient, d’yeux vagabonds, auxquels se mêlent présences diffuses et fuites incongrues. Sobres et pudiques, faits d’intuition et d’instants vécus, tous ces paysages intimes nous parlent tels une impression fugitive, un bref émerveillement et nous transposent yeux et émotions vers des chimères colorées, narratives et pleines de sens. Autant d’ombres et de lumières qui libèrent notre inconscient. L’artiste s’ancre ainsi dans sa mémoire, ses racines et toute son histoire.

 

Texte écrit par Laurent ZUNINO, artiste peintre et poète Ivryen.
Le jour se lève sur ma banlieue, un soleil timide écarte la pâleur d’un matin naissant en cette fin d’hiver ; mélange de givre et de fumée, ces fumées des usines qui à l’aurore s’ébrouent comme des volutes dans les nuées de mes rêves.
Les usines se marient avec des pavillons, des jardins-ouvriers, les H.L.M. et toute une sonate de vert-gris, de rouille et de jaune de Naples.
A la radio : Les infos ! Un colonel sanguinaire prêt à massacrer son peuple, des usines nucléaires qui explosent au « pays du soleil levant », ce soleil d’exil qui même timide pointe dans le ciel d’Ivry, des élections demain pour l’avenir de mon petit canton et puis quelques chansonnettes pour apaiser la peine.
J’ai laissé la veille mes tubes de peinture ouverts et mes couteaux à peindre, mal nettoyés, témoignent encore avec leurs traces de rouge de mes problèmes d’homme et de mélancolie.
J’éteins la radio, je bois un café noir et pour laver mon âme, je regarde la peinture de Marie.

Il n’y a en apparence dans la peinture de Marie COUPPIÉ aucun tourment, aucune colère. Son regard feutré, tourné sur l’instant, nous présente un univers de douceur et de grâce qui émerveille le quotidien.

Ainsi, chaque objet, chaque personnage, chaque lieu, chaque petite musique, témoins de sa réalité deviennent prodigieux, magiques et tendres.

Ici, pas de place à une quelconque vulgarité, une quelconque mièvrerie, mais des contes de couleurs qui inondent la surface de l’oeuvre, des histoires qui nous ressemblent ou nous rappellent un moment, un ami, une joie toujours présente.

Le spectateur est ainsi étonné de toutes choses, de toutes ces petites parcelles du temps passé, du temps présent.

Après une longue période d’incertitude, de « Je n’osais pas », Marie COUPPIÉ eut en 2005 ce besoin, cette « nécessité intérieure » (V Kandinsky), de se lancer dans cette merveilleuse aventure de la chimie de la couleur, et c’est avec du pastel sec, qui deviendra la technique favorite de l’artiste, qu’elle crée en 2005 : « Renaissance ». Quel autre titre pouvait aussi bien représenter la vie de Marie qui désormais n’hésitera plus à révéler des formes ?

Autant d’ombres et de lumières qui libèrent notre inconscient : Une femme au chapeau, songe, elle ferme les yeux, qui est-elle ? Son chapeau aux tons roses, pourtant bien posé sur sa tête semble voler ; mais l’oiseau dort .

L’univers de Marie COUPPIÉ sobre et pudique, fait d’intuition et d’instants vécus, nous parle comme à une impression fugitive, un bref émerveillement face à tant de paysages, de champs, de maisons. A travers ce fugitif, elle s’ancre dans sa mémoire, ses racines et toute son histoire.

« Mon p’tit vélo », L’éléphant cerf-volant », Venice », La Fée bouteille », sont aussi une parcelle de nos propres souvenirs et aussi peut-être une mémoire collective qui forment alors un « quotidien » pastélisé spontanément sur du papier granulé, quelques prodiges familiers qui embellissent nos âmes : « Noël au coin du feu ».

Mais, si la nature, les objets, les maisons sont autant de signes révélés, des compagnons d’imaginaire et de rêve, c’est à travers les visages, les femmes, parfois les hommes que Marie COUPPIÉ se dévoile, libère son inconscient grâce à son pastel qui caresse la feuille de papier comme un instinct maternel : « Vierge au chat ».

Ces gens, toutes ces vies, les gens simples que nous croisons dans le beau chemin de nos existences ; toutes ces vies, toutes si riches : C’est cela aussi l’art de Marie : « Douce Renée », « Emma dans tous ses états », « Belle Mère », « L’Africain », « Laurent », « 3 mamies en virée ».

Il ne faut pas chercher ici une quelconque théorie de la vie, rien n’est intellectualisé, Marie COUPPIÉ nous regarde, simplement.

Elle nous raconte, elle grave des moments, inscrit le bonheur et illustre l’instant. Ainsi, par la grâce et la légèreté, elle atteint à une certaine forme de spiritualité.

Autodidacte, Marie COUPPIÉ fait cependant partie de la «famille » de plusieurs peintres modernes et contemporains : Je pense à Paul KLEE : « Portrait de Mme P », « Fish Magic », « Paysage à l’Enfant » etc .

Mais aussi HUNDERTWASSER, Valérie TÉNEZE, Marc CHAGALL : Comme lui, Marie COUPPIÉ nous raconte sa jeunesse, peut-être son enfance, comme lui elle peint des rêves, des étoiles et la lune, des maisons de traviole, des sourires et le vent. Mais, si les tableaux du maître de Vitebsk sont parfois liés au récit de l’Ancien Testament, (Nice « Message Biblique »), un reflet de sa foi, les pastels de Marie sont dénués de tout sens religieux. Malgré tout, à travers ses formes et ses regards, elle nous laisse entrevoir autre chose, une maternité chaque fois recommencée, un renouvellement dans la « Veille avant l’aube », un rêve au goût d’éternité :

« SEUL EST MIEN
LE PAYS QUI SE TROUVE DANS MON AME » (Marc CHAGALL)

Le soleil s’est levé sur ma banlieue, j’ouvre ma fenêtre, Marie me fait un signe de la main, elle me sourit, elle vous sourit.

Laurent ZUNINO Mars 2011